La liquidation judiciaire permet d’acheter une SARL à moindre coût, le dépôt de bilan entraînant généralement une liquidation des actifs à bas prix : fonds de commerce, mobilier, fichier clientèle, machines… Mais racheter une entreprise en faillite, c’est aussi reprendre les salariés et les dettes, avec ce que cela implique comme mesures d’urgence et de solutions à mettre rapidement en place pour transformer un échec en success story.
Reprendre un fonds de commerce en liquidation judiciaire : la procédure
Une entreprise ne peut être liquidée que s’il n’est pas possible de la redresser et qu’elle est en cessation de paiement. C’est le tribunal de commerce qui prononce la liquidation judiciaire.
Une fois celle-ci mise en place, c’est le liquidateur qui va s’occuper de la reprise, et non plus les dirigeants. C’est lui qui va céder les actifs et éventuellement licencier le personnel.
Les éléments du fonds de commerce que vous allez reprendre :
➡ Clientèle
➡ Nom commercial
➡ Enseigne
➡ Droit de propriété
➡ Droit au bail
➡ Autorisations administratives
➡ Marchés
Racheter une liquidation judiciaire
Il y a plusieurs façons de le faire. Si vous êtes candidat, votre offre devra toujours s’accompagner d’un chèque de banque ou d’un acompte.
➡ Aux enchères publiques : c’est le plus offrant qui va l’emporter.
➡ Au mieux disant : vous inscrivez la somme que vous êtes prêt à mettre dans une enveloppe cachetée. Au moment de l’ouverture, celui qui a proposé la plus grosse somme l’emporte.
➡ Sur décision du juge qui a étudié et choisi une offre.
Pourquoi reprendre une entreprise en difficulté ?
Il y a du pour et du contre. À vous de faire pencher la balance dans le bon sens. On est ici assez loin du statut d’auto-entrepreneur.
Les avantages d’une liquidation judiciaire :
- Vous aurez des aides publiques
- Les coûts de restructuration peuvent être pris en charge
- La clientèle existe
- La production va démarrer très vite
- Les prévisions sont plus simples : des chiffres existent déjà
Les inconvénients majeurs :
- Difficulté à refaire d’autres crédits : les banques échaudées craignent l’eau froide
- Reprendre du personnel n’est pas simple
- Récupérer les clients non plus
Reprendre une entreprise défaillante : les pièges à éviter pour ne pas vous faire avoir
Allez-vous vraiment faire une bonne affaire ? Si certains ont gagné des millions en rachetant, redressant, et revendant, d’autres y ont laissé leur chemise. Il y a quelques ornières dans lesquelles ne pas tomber pour redresser une société défaillante.
Les risques sont nombreux à se lancer dans une entreprise en difficulté, surtout s’il y a des employés à reprendre dont vous devrez respecter les contrats de travail en cours. On est ici très loin de la simplicité du statut d’auto-entrepreneur.
Les points clés d’une reprise réussie
➡ Avant de signer, faites un point sur la situation réelle de la boîte et vérifiez les chiffres qu’on vous avancent.
➡ Y a-t-il d’autres fournisseurs en attente de paiement, des dettes cachées, des échéances négociées ?
➡ Il faut donc faire un audit complet et sérieux avant de rencontrer les salariés et éventuellement de se faire aider pour cela par les plus motivés.
Sachez vous entourer des bonnes personnes : un bon avocat et un excellent expert-comptable.
Les pièges que vous pouvez rencontrer
Les éviter vous évitera de perdre vos économies rapidement, car forcément, une entreprise en difficulté traine ses casseroles. Vous devez faire attention :
Aux vices cachés
Ils sont parfois dus aux anciens dirigeants qui ont fait leur possible pour garder le bateau hors de l’eau (dettes, report d’échéances, fournisseurs non payés…). La solution : faire un audit complet.
À l’intérêt de l’entreprise pour le consommateur
Les produits vendus sont-ils toujours à la mode ? Il faut qu’ils aient encore un gros potentiel de marché, sinon vous allez vite vous enliser. La solution : une analyse stratégique de l’entreprise
Au temps qui passe
Le temps c’est de l’argent, je ne vous apprend rien. Plus les jours vont s’écouler, et plus l’entreprise en difficulté va perdre de l’argent et des clients. Votre offre ne doit donc pas tarder. La solution : investissez dans un secteur que vous maîtrisez, pour gagner du temps.
À la complexité d’une reprise
Entre le dépôt de bilan, le redressement judiciaire, la conciliation, le plan de cession… Il faudra trouver le bon moment pour agir, d’autant plus que les acteurs qui prennent part au dossier sont multiples. La solution : vous entourer de personnes compétentes, qui maitrisent ces procédures, avocat et expert financier.
Au coût de la relance
Ce n’est pas l’achat qui va vous couter cher, mais la relance de l’activité. Vous allez devoir remettre de l’argent au pot si vous voulez que ça marche afin de récupérer les anciens clients et en gagner des nouveaux.
Même chose pour les crédits bancaires : ne comptez pas sur les banques pour renflouer les caisses d’une société en perdition. Ce sont les nouveaux associés qui devront injecter du cash. il n’y aura pas de période d’observation. Il faudra renégocier avec les fournisseurs, et leurs conditions pourraient être revues à la hausse.
CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE : prévoir suffisamment d’argent pour faire repartir les choses de l’avant.
Au temps passé
Il vous faudra mettre les bouchées doubles pour relancer la machine, bien plus que si vous créez une nouvelle entreprise. Les urgences vont s’additionner dès le départ.
Bon à savoir : Sachez que les premiers mois risquent aussi d’être chronophage et que les 35 heures seront un doux rêve inaccessible. Mais vous en doutiez encore ?
CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE : vous ne pourrez pas faire tout seul. Apprenez à déléguer et à faire confiance à vos collaborateurs.
Une liste d’entreprises en liquidation judiciaire à reprendre
Ce fichier recense près de 20000 entreprises récemment défaillantes en France (mais ce n’est pas gratuit) : https://www.verif.com/Hit-parade/03-Defaillance/00-Pays/0-France/
Sur le site, vous avez quand même accès à 500 entreprises défaillantes ainsi que leur chiffre d’affaires, même si certaines informations sont cachées et payantes à l’unité.
Si vous cherchez des dossiers de faillite, vous en trouverez sur le site des mandataires judiciaires : www.ajinfo.org. Possibilité d’avoir des renseignements complémentaires sur celui d’Infogreffe.
Ce qu’il faut vérifier avant un rachat d’entreprise
Préparez-vous à éplucher tous les contrats, et selon la taille il peut en avoir beaucoup ! Cela vous permettra d’éviter certains risques inutiles et de connaître le juste prix de ce que vous allez racheter, car se faire avoir dans une liquidation, ça arrive !
Soyez donc incollable sur :
- le bail commercial,
- les règles qui régissent votre activité
- les biens immobiliers éventuels,
- les dépôts de brevets et marques
- le contrat signé avec la banque et les conditions d’assurances.
Comment savoir ce qu’elle vaut réellement ?
À part se baser sur le chiffre d’affaires, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire. C’est à partir de lui que vous déterminerez une certaine valeur intrinsèque qui peut fluctuer à partir d’autres éléments comme
- l’excédant brut d’exploitation
- le marché
- les prix pratiqués par la concurrence
L’EBE est un véritable marqueur pour vous, car il comprend aussi les investissements, les emprunts et les capitaux propres.
Les parts vaudront donc la valeur du fonds et de l’actif, moins tout ce qui est dans le passif. Là, c’est à votre expert-comptable de jouer pour vous éviter de payer trop d’impôts : droit d’enregistrement et ISF.
La signature : le moment de vérité
Il y en aura plusieurs à opposer. La première va concerner l’avant-contrat, celui ou vous vous engager (comme une promesse de vente pour un appartement). Un acompte pourra être versé comme garantie.
Préférez la promesse unilatérale de vente au compromis de vente. Celle-ci n’oblige que le cédant à ne pas aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte.
L’acte de vente ensuite
Dans l’acte doivent absolument figurer les privilèges et nantissements, qui peuvent venir largement diminuer la valeur d’un fonds (vous pouvez toutefois vous les procurer en amont au tribunal de commerce).
À indiquer aussi le CA des années n-1, 2, et 3, ainsi que le prix de liquidation à régler.
Les clauses à ajouter
Pour éviter toute entourloupette, pensez à bien y adjoindre une clause de non concurrence (qui doit quand même être limitée). Il ne s’agirait que le vendeur aille récupérez ses clients une rue plus loin.
Même chose pour le passif. S’il se révélait plus important que prévu, ses nouvelles dettes doivent être à la charge du vendeur (encore faut-il qu’il ait les moyens de les rembourser).
Combien ça coûte ?
S’il est possible de reprendre une entreprise en liquidation judiciaire pour 1 euro symbolique, le coût final de l’opération sera forcément plus élevé en raison du règlement des dettes et des investissements nécessaires. Vous pouvez aussi acheter pendant la phase de redressement, si elle a lieu, mais les dirigeants resteraient en place.
Pour trouver un financement
Votre entreprise va déposer le bilan : que faire ? Mettez toutes les chances de votre côté pour vendre au meilleur prix possible. Rien ne vous empêche de chercher des repreneurs vous-même. Plus il y a de candidats, et plus cela fait monter les enchères. De plus, les chances de reprise sont multipliées.